Pas assez insolent !

Posted: juin 20th, 2018 | Author: | Filed under: Général | Commentaires fermés sur Pas assez insolent !

Le jour de la commémoration de l’appel du 18 juin 1940, un jeune a demandé à Macron « Ça va Manu ? », pour se faire ensuite sermonner par le président. Il a refusé de jouer le jeu, refusé de prononcer le fameux “Môssieur”, refusé de faire semblant de voir des habits neufs sur l’empereur.

Sommaire

  • Vidéo
  • Transcription
  • Lecture de surface l’échange
  • Pas assez d’insolence :
    Traitons Manu comme il traite les précaires

Vidéos

https://www.youtube.com/watch?v=on6GUNKjuqU

Et la vidéo complète sur le compte twitter de “Môssieur le Président”.

Transcription

JEUNE CHANTE “L’INTERNATIONALE” (COUPÉ DANS LES VIDÉOS)

JEUNE — Je déconnais, ça va Manu ?

MANU — Non, non, non, non !

JEUNE — Désolé monsieur le président.

MANU — Tu es là, tu es dans une cérémonie officielle, tu te comportes comme il faut. Tu peux faire l’imbécile, mais aujourd’hui c’est la Marseillaise et le Chant des Partisans, tu m’appelles “Monsieur le Président de la République” ou “Monsieur”.

JEUNE — Oui monsieur.

MANU (PARDON, “MONSIEUR”) — Voilà. Et tu fais les choses dans le bon ordre : si le jour ou tu veux faire la révolution, t’apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord ? Et à ce moment là t’iras donner des leçons aux autres.

[…]

MANU [s’addressant à plusieurs jeunes présents] — Vous êtes en quelle classe ?

JEUNE — Troisième.

MANU — Bon, il y a encore du boulot, hein. Le brevet la semaine prochaine, et je compte sur vous pour la suite.

JEUNE — Bah je l’ai déjà.

MANU — Tu l’as par les points ?

JEUNE — Mais j’ai déjà tous les points.

MANU — Oui mais tu est en train de le passer.

AUTRE MEC — Avec la mention ?

MANU — Le plus haut possible.

JEUNE — Honnêtement, pourquoi la mention, si on a déjà le brevet ?

MANU — Pour montrer ce dont tu es capable, et pour aller le plus loin possible. Euh, eh beh, penser à la suite, et être un exemple. Ceux que tu es venu honorer aujourd’hui, ils se sont pas juste contenter d’avoir la barre. S’ils avaient suivi ça, ils seraient restés comme beaucoup à l’époque chez eux, hein. Ils se seraient pas dit, « pourquoi aller faire la guerre ? », et cetera. Il faut toujours se poser ces questions, et se dire « vers quel idéal je dois aller ? ». Chacun peut avoir le sien.

AMIE DU JEUNE — <JEUNE>, qu’est-ce que t’as fais comme connerie !? Qu’est-ce que t’as fait encore ?

MANU DONNE UNE PETITE TAPE CONDESCENDANTE SUR L’ÉPAULE DU JEUNE

MANU — On emploie pas ces mots-là !

Lecture de surface

Quand un jeune chante l’Internationale, Manu nous dit qu’aujourd’hui on ne peut chanter que la Marseillaise et le Chant des Partisans. Pourquoi l’Internationale serait moins appropriée ? Parce-qu’elle conserve la valeur révolutionnaire que l’appropriation des autres pas les Manus de ce monde a dilué chez les autres.

Après vient le tutoiement et sobriquet : « Ça va Manu ? ». Notons que personellement nous exécrons la pratique du vouvoiement et préférions que tout le monde soit tutoyé ou tout le monde soit vouvoyé.

Mais en attendant, Manu veut se faire vouvoyer par ce jeune. Par contre, un peu pour faire “cool”, un peu par mépris, lui tutoie le jeune. Un président serait pourtant bien en mesure de vouvoyer tous ces “citoyens” hors de son cercle de proches. En somme, il demande à la jeunesse une preuve de respect qu’il n’est pas prêt à fournir lui-même. Par dessus le marché, il donne une tape paternaliste sur l’épaule du jeune.

Après il part dans le délire que pour changer le monde il faut avoir un diplôme. Il vaut « viser le plus haut possible », ce par quoi il entend viser là où on ordonne. Il dit de se demander vers quel idéal on veut aller, tout en proposant son idéal comme le seul à viser, en tout cas à accomplir avant de se mettre à poursuivre le nôtre. Il indique qu’il faut « apprendre à se nourrir soi-même », quelque-chose que le banquier Manu n’a jamais fait de sa vie, profitant plutôt du labeur d’autrui.

Il se sert ensuite des résistants comme exemple. (Personnellement, on surmise qu’il aurait été vichy-iste, ou banquier suisse gardant des lingots nazis.) Il sous-entend que les résistants on résisté car ils étaient des bon élèves du système ? Beaucoup n’avait sûrement même pas de diplôme. Il compare passer son brevet à mener une guerilla contre le nazisme ? Ils ont souvent résisté car ils étaient communistes, à l’inverse de Manu.

Et Manu en fait des caisses, se servant de cette incident comme fait médiatique, politique et pédagogique et le postant sur son twitter en disant que :

Conversation “détendue”, président “détendu” qui oppresse les précaires et viole le peu de droits qu’iels ont. Il joue le prof, ou du moins le meilleur élève de la classe. En effet il est littéralement élève éternel de son ex-prof et (m)aman(te) Brigitte. Le jeune qui l’apostrophait chante l’Internationale… alors qu’à peu près au même âge, Manu courait après des jupons de profs.

Pas assez d’insolence

Mais cette lecture de surface, dont des parties furent diffusées sur BFM TV, est insuffisante. Manu est un bourreau pour les précaires, un escroc de banquier, et surtout un représentant de l’État et du Capital, deux des pires fléaux de la Terre. Il mérite le mépris et la condamnation. Et ses politiques sont infiniment plus “insolentes” que toutes les injures du monde réunies multipliées par le nombre d’étoiles dans l’univers.

Jets de pierres et cocktails molotovs, voilà qui aurait été approprié !


Note. — Meilleure critique faite par Les Enragé·es.


Comments are closed.