Une réponse à la misère sexuelle ?

Posted: juin 17th, 2018 | Author: | Filed under: Psyche | Commentaires fermés sur Une réponse à la misère sexuelle ?

On a entendu quelqu’un parler de la misère sexuelle, notamment chez les personnes invalides, mais pas que.


À toutes et tous est dû le respect de sa personne (on parle pas de ses actes). Qu’importe ce que peuvent secrètement penser les imbéciles validistes, ils et elles doivent traiter la personne handicapée avec dignité. Ceci dit, on ne peut pas ouvrir les cerveaux et policer la pensée. Si quelqu’un nous trouve repoussant·e, on ne peut rien y faire. Il est juste notre droit d’avoir des exigences quant à ses actes. Mais pas tous ses actes.

Les relations sexuelles ne sont pas un dû. Si une personne refuse d’être polie car elle ne t’aime pas, elle est en tort. Mais si elle refuse de coucher avec toi parce-qu’elle ne t’aime pas, c’est un de ses droits les plus fondamentaux. Supposer que un·e tel·le doive baiser avec quelqu’un·e qui la repousse est inadmissible. Quelles que soient ses raisons. Car la sexualité partagée nécessite le respect des deux parties.


Avec l’idée que la société devrait de l’attention sexuelle à tel ou tel groupe de personnes, on s’approche dangereusement du discours des “incels”, groupe de jeunes hommes appartenant à la “manosphère” (sur laquelle nous avons déjà rédigé un article). Ces mecs trouvent que les femmes en général leur doivent des relations sexuelles, et se sentent lésés par leur refus. On remarquera que certains d’entre eux ne sont pas intégrés, pas psychotypiques, voire pas valides (le meurtrier antiféministe Elliot Rodger souffrait par exemple de schizophrénie et du trouble de la personnalité bipolaire). Mais ce n’est pas une raison. Et ils s’enferment dans une identité d’indésirables qui les ronge et prend toute la place.


Alors, certains se tournent vers des services d’escort. Souvent, dans ce cas, payant quelqu’un pour faire quelque-chose qu’iels estiment que seuls des gens payés feraient —estimation sûrement fondée.

On disait plus haut qu’il fallait prendre en compte l’autre personne impliquée dans la relation. La majorité des personnes travaillant dans l’industrie du sexe n’ont pas choisi cette voie par premier choix. Exploiter des gens pour pallier à sa douleur ne fait que l’exporter. Et, pour les personnes sensibles, génère une autre douleur interne de plus.


Il est à espérer qu’un jour la stigmatisation diminuera, disparaîtra, permettant de pouvoir imaginer poursuivre ces désirs pour l’instant impossibles. Mais en attendant, n’attendons rien. On comprend la douleur de la solitude, sexuelle ou affective. La romance n’existe que peu dans notre petit bout du monde. Mais on n’attend rien.


Ou peut-être… qu’on attend tout. Parce-que qu’un autre monde est possible. Parce-que qu’on entend dépasser ces lignes de fuite qui mènent à la misère, parce-qu’on peut œuvrer à le destruction du capital, du patriarcat, de ses idéaux corporels, de son “marché” sexuel, de ses lois implicites qui entendent nous gérer et gérer nos désirs. À la personne isolée, inentendue, on soumet un plan d’attaque plus difficile mais plus ambitieux que celui de vouloir se faire voir comme une personne-type dans le système patriarcal. On soumet l’idée qu’il n’y a pas de honte à avoir à être ce que l’on est. Ayons honte de notre système. Brisons-le plutôt que de nous briser à vouloir en faire partie.


Comments are closed.